Alors que je publiais hier mon article sur « Macron fâché avec la terre entière, voilà qu’une demi-heure à peine après sa mise en ligne, nous apprenions que celui-ci annulait son déplacement à Munich à l’occasion d’une conférence sur la sécurité.
Un sommet de 1er ordre qui rassemble les responsables politiques, diplomatiques, militaires et scientifiques d’une quarantaine de pays (et pas seulement occidentaux), et au cours duquel Emmanuel Macron devait prendre la parole sur des questions de sécurité internationale à l’invitation d’Angela Merkel.
L’Elysée justifie cette dérobade par la volonté du Président de se consacrer au « grand débat », ce qui le conduit à annuler tous ses déplacements à l’étranger (on verra si c’est vrai) jusqu’à la mi-mars (soit 6 semaines, ce qui ne s’est jamais vu depuis son élection).
En coulisses, l’explication est toute autre : l’annulation du déplacement à Munich serait lié à un « éloignement insidieux et profond » entre Paris et Berlin.
La cause des dissensions porterait sur le projet de gazoduc germano-russe baptisé « Nord Stream 2 » évoqué à Sotchi, en mai 2018 lors de la rencontre entre Angela Merkel et Vladimir Poutine: ce serait un des principaux moyens de « décarboner » le mix énergétique allemand, le nucléaire ayant été remplacé par le charbon (lequel provoque en hiver des pics de pollution dans toute l’Europe).
Washington est vent debout contre ce projet « Nord Stream 2 » : évidemment, puisque les Etats Unis espèrent écouler le GNL qu’il produisent en excédent vers l’Allemagne, ce qui offrirait une salutaire bouffée d’oxygène au producteurs de « shale oil » US.
Quand à la France, elle est grosse exportatrice d’énergie nucléaire outre-Rhin, je dis çà, je dis rien…
Même si Emmanuel Macron a humilié publiquement et à 2 reprises Donald Trump en octobre à l’ONU puis le 11 novembre à Paris, il semble parfaitement aligné sur la position américaine et soutient une directive européenne sur le gaz (inspirée par qui ?) ayant pour but de torpiller la réalisation du projet « Nord Stream 2 » auquel Angela Merkel est attachée.
Donc, si l’on reprend la liste, la France d’Emmanuel macron est désormais fâchée avec l’Allemagne, l’Italie (rappel de l’ambassadeur), l’Angleterre (Brexit), Donald Trump (et donc une bonne partie de l’opinion publique américaine), la Russie (qui manipulerait les « gilets jaunes »), l’Egypte (fiasco récent), la Turquie (Ankara averti par le Quai d’Orsay sur la question kurde), les pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République Tchèque, Slovaquie) qui restreignent l’immigration, la Chine (concurrence déloyale), le Venezuela…
Un tableau sans précédent depuis le début de la 5ème République !