Le 7 octobre dernier, Rexel (FR0010451203 RXL) émettait un avertissement non seulement sur son chiffre d’affaires mais aussi sur sa rentabilité. Confronté à un sévère passage à vide en Amérique du Nord, le leader mondial de la distribution professionnelle de matériel électrique se voit obligé de revoir à la baisse ses objectifs annuels.
Dans ce récent avertissement, le groupe anticipe donc une baisse des ventes en organique comprise entre 2% et 3% et révise sa marge d’Ebita (un indicateur de la comptabilité anglo-saxonne proche de notre marge d’exploitation) à 4,3%/4,5% contre 4,8% anticipé auparavant…
Curieusement, l’action n’a reculé que légèrement le jour de l’annonce avant de progresser plus fortement les deux jours suivants. Une évolution que vous pouvez juger curieuse mais qui s’explique aisément dans la mesure où, en juillet dernier déjà, la société évoquait des objectifs revus à la baisse. De plus, au vu du ralentissement perceptible en septembre, notamment aux Etats Unis, il était extrêmement probable que le groupe se fende d’un profit warning.
De même, Rexel a la chance d’être suivie par de nombreux analystes qui font et refont leurs calculs à longueur de journées. Autrement dit, s’ils font bien leur travail, ils n’ont guère de réelles surprises, lorsqu’ils reçoivent une annonce de ce type, car elle confirme seulement une chute qu’ils avaient déjà anticipée. Par exemple Kepler Cheuvreux, le célèbre intermédiaire, vient de relever son objectif de cours de 14,80 € à 15 € tandis que Morgan Stanley vient de réduire son objectif de cours de 18,50 € à 17,50 €… Rien de bien catastrophique donc.
Reste à se demander si le plus dur est effectivement passé sur la valeur… Beaucoup d’investisseurs semblent déjà être sortis du dossier, preuve en est recul du titre de plus de 30% en six mois, ce qui demeure un gadin colossal.
Mais c’est peut être justement quand un sentiment de marché est à ce point négatif et que les avis divergent dans la communauté financière, qu’il faut commencer à avoir un nouveau regard sur un dossier. Je ne dis pas pour l’instant qu’il faut rentrer massivement sur la valeur… Je dis simplement qu’un rebond technique peut se mettre en place même si de nombreuses interrogations demeurent comme une éventuelle réduction du dividende. Fixé à 0,75 € au titre de l’exercice 2014, ce coupon permet à l’action d’offrir un rendement aux cours actuels de l’ordre de 6,1%… Pas mal du tout pour une valeur industrielle mais difficile de dire s’il va être maintenu en l’état.
Regardez par exemple Neopost (FR0000120560 NEO), dont je vous ai abondamment parlé ces derniers jours… La société a sabré son dividende, suite à des résultats assez médiocres. Mais ses ratios boursiers ne sont pas très élevés. L’action se paye en effet sur un PER de 12, ce qui n’est pas excessif pour une industrielle. Mais ce ratio est calculé aujourd’hui et ne prend pas en compte une nouvelle détérioration du climat économique, toujours possible… Le FMI ne vient-il pas de réviser à la baisse ses prévisions pour la croissance mondiale pour 2015 et 2016 ? Un bon conseil donc… Suivez donc du coin de l’œil Rexel tout en regardant les statistiques économiques aux États-Unis ainsi qu’en Europe (où le groupe réalise plus de la moitié de ses ventes annuelles).