Après le pic de volatilité de vendredi, lundi et mardi, voilà que survient une reprise en V qui surgit de nulle part. C’est le scénario classique lorsque Wall Street reçoit le soutien de la Fed : il n’est pas question de laisser le marché gamberger sur les causes plus ou moins (ou très) légitimes de la baisse. L’urgence est de casser les reins aux vendeurs, de les contraindre à racheter sans réfléchir (oui, mieux vaut ne pas laisser aux opérateurs le temps de réfléchir) et de déclencher une spirale haussière.
Voilà, problème enterré et réglé… Inutile d’épiloguer.
Comment avoir la certitude que de bonnes âmes sont intervenues ?
C’est facile.
Le Dow Jones perdait jusqu’à 300 points en préouverture ; il gagnait ensuite 200 points au bout d’une demi-heure de cotations et 350 points 90 minutes plus tard. Mais, assez étrangement, le Dow Jones, qui affichait encore +1% de hausse à 21h40 (vers 25 170 points), et 100 points de hausse à 21H58 a terminé la séance de mercredi 7 février en repli de 0,08% (vers 24 890)… et, le plus fort, c’est qu’aucun commentateur ne s’en est fait l’écho sur CNBC à la clôture (-0,5% en une minute après -5% lundi, c’est une broutille) !
Vous avez dit bizarre ?
En fait ce qui l’est pour de bon, ce sont les +500 points du Dow Jones durant la séance – soit +750 points par rapport aux niveaux constatés une heure avant l’ouverture.
Car le score final des indices US s’explique assez aisément : il suffit d’observer la trajectoire des marchés de taux US pour réaliser que le rally haussier des actions était incohérent.
Le rendement des T-Bonds à 10 ans refranchit le cap des 2,80% (à 2,825% contre 2,77% mardi), le 2 ans se tend de 6 points à 2,14%, le 30 ans décroche par le même écart, à 3,10%.
Le rebond de Wall Street était d’autant plus sujet à caution que le dollar reprenait pratiquement +1% face à l’euro, culminant vers 1,2250 – ce qui n’est pas un cadeau pour les exportatrices US.
Mais, comme pour donner raison aux membres de la BCE qui soupçonnent la Fed de manipuler le cours du dollar, deux colombes se sont exprimées pour tempérer les anticipations de hausse des taux cette année. Charles Evans suggère de « faire une pause » jusqu’à mi-2018, le temps que les marchés résolvent la question des anomalies de volatilité. Robert Kaplan renchérit en estimant que les risques de poussée d’inflation via les salaires sont limités.
Voilà deux déclarations visant à infléchir les attentes de hausses de taux… mais qui n’ont pas été prises au sérieux, ni par les traders obligataires, ni par ceux qui opèrent sur le FOREX.
Il leur en faudra plus pour réviser leurs anticipations… et c’est bien ce qui va poser problème à Wall Street.