La séance de vendredi à Wall Street se sera révélée historique à de nombreux titres… et ce n’est peut-être pas terminé.
Hormis les orientations de la Fed, plus rien ne compte pour Wall Street et les commentateurs étaient unanimes au sujet de la séance de vendredi : les mauvaises nouvelles liées à l’emploi (avec des chiffres mensuels qui n’ont pas répondu aux attentes des économistes) et à la pandémie (record de cas de contaminations et record absolu de décès imputés au Covid-19 aux Etats-Unis) ont propulsé Wall Street vers des sommets par le biais d’un « bad news is good news » d’un cynisme sans précédent depuis la crise des subprimes.
L’Oncle Sam a en effet créé deux fois moins d’emplois que prévu le mois dernier. A l’inverse, les cas de contaminations au coronavirus sont deux fois plus élevés que début décembre, et cette conjonction de vents contraires débouche sur une conclusion qui a fait grimper les marchés plein pot. Cette conclusion, c’est que la Réserve Fédérale, à n’en pas douter, va se démener pour enrayer l’épisode récessif qui se profile et qui menace d’enrayer la progression d’indices boursiers chauffés à blanc, avec un « Fear & Greed Index » dans la stratosphère et la pourcentage d’achats de calls le plus élevé de l’histoire.
En attendant, ce vendredi 4 décembre pourrait bien constituer à tout jamais une date unique dans l’histoire des marchés américains, et même des marchés mondiaux, puisque ce ne sont pas trois, ni cinq, mais dix records absolus simultanés qui ont été battus, dont neuf aux Etats-Unis.
Le premier est donc celui du ratio « call/puts » déjà cité. Le deuxième est le ratio capitalisation de Wall Street/PIB américain, désormais à plus de 181%. Le troisième est le PER du S&P 500, qui s’établit maintenant à plus de 33,5.
Quant aux autres records, ils sont indiciels, le Russell 2000, le NYSE Composite, le Dow Transport, le S&P 500, le Dow Jones et le Nasdaq Composite ayant progressé de respectivement 2,3, 1,4, 1,25, 0,88, 0,83 et 0,7% pour atteindre des plus hauts à 1 892, 14 417, 12 748, 3 699,2, 30 218 et 12 464 points.
Enfin, le dixième record est celui de la capitalisation mondiale, qui a franchi le seuil très symbolique des 100 000 Mds$, soit 133% du PIB de la planète.
Adieu les corrections de grande ampleur ?
La semaine qui s’ouvre semble placée sous le signe de discussions concernant l’adoption d’un plan de relance de 908 Mds$ aux Etats-Unis (soutenu par Joe Biden et Janet Yellen), comme si la date du 9 décembre ne comptait pas.
C’est pourtant cette journée qui va décider de la validation des scrutins du 3 novembre et du nombre de grands électeurs qui pourront voter pour Joe Biden ou Donald Trump dans une semaine jour pour jour. Et si les votes ne pouvaient pas être certifiés dans certains Etats en raison de scores trop serrés (comme ce fut le cas en Floride en décembre 2000) ou d’irrégularités avérées, les cours suprêmes de ces Etats pourraient alors désigner le vainqueur, ou surtout éliminer le bénéficiaire d’éventuelles fraudes… ce qui ne s’est jamais produit.
Etant donné la quantité impressionnante de rejets des recours juridiques du comité de campagne de Donald Trump dont les médias se sont faits l’écho et, dans le même temps, le peu de procédures semblant avoir abouti (ce à quoi les médias n’ont accordé que fort peu de publicité), les investisseurs semblent néanmoins ne pas croire en un renversement de situation politique.
A la place, Wall Street compte désormais énormément sur la fusion du Trésor, incarné par Janet Yellen, et de la Fed, incarnée par Jerome Powell, avec un enjeu de taille puisqu’il s’agit d’une fuite en avant sans retour dans la création monétaire (d’où la sortie du dollar d’une tendance haussière de 12 ans face à l’euro) et la garantie pour les marchés d’être complètement et définitivement immunisés contre le réel.
La hausse de ce vendredi 4 décembre et cette cascade de records en est la première manifestation unanimement reconnue par tous les observateurs, y compris les plus acharnés à nier la mainmise des banques centrales sur les marchés. Etait-ce la première d’une longue série ? En tout état de cause, 90% des investisseurs sont maintenant convaincus qu’aucune correction telle que celles de mars 2020 ou décembre 2018 ne sera plus jamais possible en raison de l’interventionnisme des banques centrales.
Là aussi, c’est un record.
