Dans mon article du jour, j’évoque le cas de Bic (FR0000120966-BB), spécialiste des produits jetables qui connaît une année boursière pour le moins délicate (et avait déjà été malmené l’an passé sur ce plan). Coutumier des avertissements sur résultats, le groupe a une nouvelle fois été pris en grippe par les investisseurs la semaine dernière dans le sillage de la publication de ses comptes semestriels.
La raison ? Une rentabilité en repli, et qui devrait encore se tasser au second semestre, sur fond de hausse des coûts des matières premières et de faiblesse chronique des marchés américain et brésilien, qui sont très importants pour Bic.
Plus largement, il me semble que c’est le business model même de l’entreprise qui inquiète, dans des sociétés occidentales où le jetable au sens large est volontiers montré du doigt et où le plastique, matière dont la prolifération n’a il est vrai rien de fantastique du point de vue environnemental, tend à devenir persona non grata. Dans le cas de Bic, disons que les mœurs évoluent, que les lignes bougent et que la concurrence des vendeurs en ligne se fait aussi plus féroce.
Casino (FR0000125585-CO) et Carrefour (FR0000120172-CA), ces deux géants de la distribution que je suis de près, sont eux aussi en difficulté sur le plan boursier, avec des reculs de respectivement 33 et 11% depuis le 1er janvier. Le premier (qui résiste bien sur le front de la profitabilité) continue de se débattre avec sa dette, alors que le flou persiste quant aux opérations qu’il a l’intention de mener pour la réduire. Comme je l’écrivais dans ces colonnes le 26 juillet dernier, « Casino prévoit toujours de céder 1,5 Md€ d’actifs, la première moitié cette année et la seconde l’an prochain, mais les investisseurs semblent douter sérieusement de sa capacité à se conformer à cet objectif ». Le second doit restaurer sa compétitivité et a annoncé en début d’année un plan stratégique à horizon 2022 qui prévoit notamment de dégager 5 Mds€ de CA dans l’e-commerce d’ici quatre ans.
L’un et l’autre ont en tous les cas l’obligation de se repenser, alors qu’Amazon (qui a signé en mars dernier un partenariat avec Monoprix, propriété de Casino, tandis que Carrefour s’est entendu avec Google en juin dernier pour la vente en France à partir de début 2019 de ses produits via trois canaux numériques du géant américain, l’assistant Google – présent notamment sur les smartphones –, l’enceinte connectée Google Home et la plateforme Google Shopping) ne cesse de prendre des parts de marché et que, d’une manière plus générale, les habitudes des consommateurs sont en pleine mutation.
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▶ Le secteur de la communication est lui aussi sous pression
Se repenser est également une question de survie à long terme pour Ipsos (FR0000073298-IPS), le secteur des sondages étant lui aussi de plus en plus concurrentiel.
« Des sociétés de consulting qui savent résoudre des problématiques bien spécifiques sont en effet venues changer la donne et le groupe doit également composer avec l’arrivée de sociétés technologiques qui se servent souvent d’algorithmes issus de l’intelligence artificielle pour gagner des parts de marché », nous expliquait Eric Lewin mardi dernier.
Sur le plan boursier, l’action Ipsos limite encore les dégâts (-5,5% depuis le début de l’année), mais hormis une OPA, je ne vois dans l’immédiat aucun catalyseur à même de générer un rebond pour ce groupe dont les revenus ont été très pénalisés par un effet devises défavorable au premier semestre et qui voit sa rentabilité reculer.
Les résultats semestriels de Publicis (FR0000130577-PUB) ont également été très mal accueillis par la communauté financière, le titre ayant reculé de près de 9% le 19 juillet à la suite de l’annonce d’une baisse de 2,1% des ventes au deuxième trimestre (après une progression de 1,6% au terme des trois premiers mois de l’année).
Dans le cas du géant publicitaire français, un élément spécifique (des difficultés au sein des activités dans la santé) est venu s’ajouter à la faiblesse endémique du dollar et à l’instauration de nouvelles règles de protection des données personnelles à l’échelle européenne. Et si je continue de penser que l’action, quasi-stable depuis le début de l’année, retrouvera des couleurs au regard de l’attractivité des ratios, les doutes sur la pérennité du modèle économique des grands groupes de communication n’ont pas disparu, loin de là.
Le point commun entre Bic, Carrefour, Casino, Ipsos et Publicis ? Des secousses boursières (plus particulièrement pour les trois premiers) et, surtout, des interrogations légitimes autour des business models de ces sociétés qui doivent composer avec une concurrence toujours plus âpre et des bouleversements absolument décisifs en matière de comportements. Avec l’irrésistible ascension de l’impression 3D, un secteur sur lequel il est cependant déjà positionné, comme en a témoigné la signature d’un partenariat avec la start-up XtreeE, le cimentier franco-suisse LafargeHolcim (CH0012214059-LHN), guère à son avantage non plus au niveau boursier (-8,5% depuis le 1er janvier), pourrait bien devoir lui aussi se réformer en profondeur dans les années à venir.
Bonne séance à tous,
Guillaume
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