Les dernières semaines ont été agitées sur les marchés. Les marchés actions ont fini sans réelle tendance la semaine passée mais dans une forte nervosité… Et déjà, vendredi soir dernier, nous pouvions deviner les prémices d’un sursaut alors que les supports semblaient désormais tenir le coup. Mais ne nous intéressons pas aux marchés actions : c’est sur le Forex que je veux vous emmener aujourd’hui.
Fin de tendance sur le dollar US ?
En effet, après plusieurs mois de tendance forte sur le dollar américain qui s’est apprécié de plus de 30% depuis l’été 2014, nous avons connu ces dernières semaines une phase de consolidation, d’hésitation même.
Cette transition a été alimentée par le manque de visibilité des marchés. Je l’ai déjà évoqué ici, mais l’échec de la Fed et la perte de crédit de sa parole ne rassurent pas les investisseurs qui préfèrent se dégager de leurs positions, poussant les indices à la baisse et les devises à chercher une branche où se rattraper pour trouver un catalyseur de tendance.
Depuis plusieurs mois maintenant, la tendance sur les devises se résumait à :
- Acheter du dollar US en prévision de la remontée des taux de la FED et de la livre sterling pour les mêmes raisons du côté de la BoE (la Bank of England, la banque centrale anglaise).
- Vendre en face les devises dont la politique monétaire, au contraire, s’assouplit comme l’euro, le dollar australien, néo-zélandais ou encore canadien.
Les craintes chinoises ont encore amplifiés le mouvement sur ces « commodity currencies » . (CAD , NZD et AUD)
Vous pouvez voir en rouge sur ce graphique, le dollar US qui est le plus fort alors que le dollar Néo-zélandais (NZD) ou australien (AUD) sont les plus faibles.
Oui mais voilà … le chemin n’est plus tout à fait aussi limpide.
Des marchés de plus en plus anxieux
Janet Yellen est sur le fil du rasoir. Une remontée de taux, bien que purement symbolique dans la réalité est un message assez fort envoyés aux investisseurs et donc au marché. Cela peut, dans certains cas provoqué un mouvement de retrait. Toutefois, une telle remontée peut plutôt bien se passer quand la situation économique connait une réelle amélioration.
Or, vu les dernières statistiques, l’embellie américaine semble avoir du mal à pérenniser son accélération et donne un sacré mal de crâne aux membres de la FED.
Derniers en date, les chiffres des créations de postes, une statistique très suivie a montré une création de seulement 142 000 postes sur le mois dernier contre plus de 200 000 attendus. Le chiffre du mois précédent a quant à lui été nettement révisé en baisse, à 136 000. (Mon collègue Mathieu Lebrun vous parle des conséquences de ce dernier chiffre sur le S&P 500 plus bas)
En même temps, on apprenait que le salaire moyen n’avançait pas et ça, ce n’est pas un signe inflationniste, signal que recherche la FED pour se sentir autorisée à remonter ses taux…
La crédibilité de la Fed en jeu
C’est désormais la crédibilité de la FED – qui a promis une hausse de taux mais qui voit les conditions de moins en moins réunies pour tenir parole – qui est en jeu. Ce qui faisait monter les actions jusqu’à maintenant, commence, à présent, à inquiéter : au-delà des mesures d’assouplissement et de l’argent facile, on se demande s’il y a réellement un pilote dans l’avion de l’économie mondiale.
Les émergents n’émergent pas, l’Europe s’enfonce dans le sillage d’une locomotive allemande dont les exportations pâtissent de la situation en Chine. Les commandes industrielles publiées ce mardi matin montrent une baisse de 1,8% contre une hausse de 0,5% attendue. Pire, la baisse du mois dernier a été révisée à -2,2% contre -1,4%.
Bref … le plan a comme un accroc.
Les devises en phase de retournement
Comme vous le voyez sur cet indice de force relative de devises, les tendances évoluent et semblent amorcer un retournement.
Alors que les fondamentaux semblent indiquer que la politique monétaire aux É4tats-Unis devrait rester relativement accommodante (même avec 1 ou 2 hausses de taux), le billet vert connaît une belle prise de bénéfice à court-terme tout comme la livre sterling, dont on estime que la banque centrale pourrait attendre jusqu’à fin 2016 pour remonter ses taux.
À l’inverse, alors que la nuit dernière, la banque centrale australienne maintenait ses taux à 2%, un niveau historiquement bas, elle se félicitait de la baisse de la devise et a tenu un discours nettement moins volontariste que lors des dernière réunions.
Cette neutralité de ton, a tout de suite provoqué un premier mouvement de hausse, suivi par le dollar néo-zélandais.
Le dollar canadien, lui, (en orange) a profité de la belle remontée du pétrole et s’apprécie assez nettement malgré des statistiques encore décevantes. La balance commerciale a en effet été publiée avec un déficit de plus de 2,5 Mds$, bien au-delà des attentes.
AUDUSD & NZDUSD : Prudence !
Si nous nous penchons sur l’analyse graphique, les paires AUDUSD et NZDUSD semblent proposer une belle opportunité de rebond après le massacre qu’elles ont subi. De plus, malgré un cycle baissier de politique monétaire, le taux directeur de ces pays reste bien plus élevé que dans les pays européens et aux USA.
Techniquement, la paire AUDUSD présente un potentiel intéressant mais une rupture franche de la zone 0,7205/0,7250 est nécessaire à la mise en place de ce mouvement.
Un objectif à 0,7610 pourra être validé.
La prudence est toutefois de mise car la nervosité est telle que des changements violents de direction sont possibles, et rendent les signaux bien moins pertinents.
Protégez donc bien votre capital et sécurisez vos positions rapidement.
Bonne semaine !