Donald Trump a fait tanguer les marchés lors d’une interview accordée à CNBC ce vendredi midi (c’était au tout petit matin aux Etats-Unis). Comme il l’a déjà dit et répété à de nombreuses reprises : la flambée de Wall Street est la preuve de l’adhésion des marchés à son action à la Maison-Blanche.
Sans lui, le S&P500 n’aurait jamais pris 31% depuis son élection en novembre 2016… et ces gains (comme s’il s’agissait des siens, et d’une cagnotte – il a employé le terme « coussin » – dans laquelle il pourrait puiser à volonté) lui donnent les moyens de mener une guerre commerciale.
Donald Trump joue au Monopoly
Pardonnez cette traduction un peu maladroite, mais il a fait référence à l’expression : « Nous jouons avec l’argent de la banque », dans une probable allusion au Monopoly. Laquelle signifie que cela ne coûte rien à personne puisque cela n’implique pas la mise en jeu personnelle de chaque participant.
Rien n’est plus faux naturellement puisqu’une guerre commerciale fera exploser le prix des produits importés, un surcoût entièrement à la charge du consommateur américain, sans parler des centaines de milliers d’emplois qui seront rapidement perdus… et des milliers de milliards qui pourraient se volatiliser à Wall Street, amputant sévèrement l’épargne des futurs retraités, ce qui ferait s’effondrer encore davantage la confiance des ménages et provoquerait l’effondrement de la consommation, donc de la valorisation des entreprises cotées… la spirale négative est sans fin.
Wall Street aurait pu prendre 80% sans la guerre commerciale, selon D. Trump
Mais comme il ne doute de rien, il ajoute que sans ses menaces de guerre commerciale à l’encontre du monde entier (Mexique et Canada à ses frontières, Chine, Japon, Europe au-delà des océans), Wall Street aurait pris 80% depuis son élection (« si je n’avais pas agi comme cela »). Autrement dit, il infère que les marchés n’ont pas de raisons de baisser en cas de guerre commerciale puisqu’ils ont déjà limité leur progression de plus de la moitié de leur potentiel réel.
Cette interview est-elle de nature à ouvrir les yeux des investisseurs ? Vont-ils continuer de penser qu’autant d’inconséquence et de vanité puérile cache en fait un véritable génie (Trump se qualifie lui-même de « genius »)… où vont-ils prendre la pleine mesure du côté « abyssal » de sa pensée présidentielle, laquelle se résume à L’art du deal, un livre qu’il a corédigé il y a une bonne trentaine d’années (1987) et qui compile les « petites ficelles » d’un brasseur d’argent de seconde zone (en comparaison de Warren Buffet, Larry Fink, Jeff Bezos et autres véritables bâtisseurs d’empires) se prenant pour un grand requin de l’immobilier ?
Déjà 8% de glissade du yuan en trois mois, mais pour Trump, le problème… c’est la FED