Ce mercredi 26 septembre aura-t-il été la séance charnière qui mettra fin aux atermoiements du CAC40 depuis la journée des « 4 sorcières » ?
L’indice parisien a débordé les 5 500 points avec de surcroît une clôture au plus haut à 5 512 points hier (+0,61%). Le problème, c’est que l’indice phare a ce faisant aligné une onzième séance de hausse sur une série de 14.
La situation technique apparaît plus tendue encore sur l’Euro Stoxx 50, qui a quant à lui clôturé 12 fois dans le vert sur 14 séances, soit l’une des périodes les plus bullish de l’histoire des marchés actions. Une situation d’autant plus déconcertante alors que le contexte commercial mondial, dont les entreprises ont bien profité au cours des deux dernières décennies, est en train de basculer radicalement à l’initiative de Donald Trump.
On pourrait espérer que l’Europe fasse front et réponde à l’isolationnisme du président américain, mais l’UE est plus que jamais divisée culturellement (je parle de culture économique) et fiscalement. Par ailleurs, à la différence de la Fed, qui soutient la croissance et l’emploi depuis 36 ans, la BCE s’est dotée du logiciel allemand, lequel se caractérise par une véritable obsession en matière de « stabilité monétaire » et d’aversion aux pressions inflationnistes.
C’est une vision héritée des années 1930 (bientôt 90 ans donc) et qui semble répondre aux impératifs d’un pays vieillissant pour lequel il est décisif de garantir à tout prix le versement des retraites, cet argent si durement gagné.
Le Japon est confronté à la même problématique du vieillissement de sa population, mais à un degré bien plus sévère que nos voisins allemands puisque cela fait maintenant 28 ans que la BoJ (Bank of Japan) pratique la monétisation de sa dette et injecte plusieurs points de PIB de liquidités chaque année – tout ce que l’Allemagne et l’Europe s’interdisent formellement – sans pour autant parvenir à obtenir le retour de l’inflation.
▶ L’Italie, poudrière de l’Europe
En Europe, c’est l’Italie qui cumule les handicaps : étouffée par la force de l’euro, son industrie perd en compétitivité et le chômage des jeunes devient endémique, tout comme celui des classes d’âge les plus avancées. Et pour corser le tout, l’impératif bruxellois de contenir les déficits a conduit le précédent gouvernement de Matteo Renzi à surfiscaliser les classes moyennes et CSP+ qui ont un emploi, ce qui a eu pour effet de torpiller l’unique moteur potentiellement exploitable, à savoir la consommation.
Le nouveau gouvernement bicéphale s’est fait élire sur la promesse d’une relance dont Bruxelles et l’Allemagne ne veulent pas entendre parler. Le ministre de l’Economie et des finances italien Giuseppe Tria a bien entendu leurs avertissements et il sait qu’il se fera malmener s’il franchit la ligne rouge consistant à présenter un budget qui ne respecte pas la limite des 2% de déficits, ce qui lui interdit de respecter la promesse de l’instauration d’un revenu universel pour les plus défavorisés et d’une revalorisation des retraites.
Toutefois, son gouvernement serait considérablement fragilisé s’il se conformait aux desiderata de l’UE et il est fort probable que la fragile coalition formée avec La Ligue de Matteo Salvini ne survivrait pas à un départ du ministre du Développement économique, du travail et des politiques sociales, Luigi di Maio.
Moyennant quoi, l’Italie demeure bel et bien une poudrière politique et économique au cœur de l’Europe. Cela fait même dix ans que la mèche se consume et aucun des coups de talons monétaires de la BCE n’a rien réussi à l’éteindre, tout au plus à en ralentir la combustion.
Et voilà qu’un nouveau risque se profile avec l’activisme de Donald Trump en faveur des mouvements politiques souverainistes en Europe, ce qui nourrit également l’euroscepticisme d’un Matteo Salvini au demeurant soutenu par une fraction de plus en plus large d’Italiens, bien au-delà du périmètre de son seul parti.
L’objectif du président américain paraît clair : affaiblir encore plus l’Europe en favorisant la dislocation de la zone euro.
Toutefois, le comportement des indices boursiers, des marchés de taux et celui de la jauge du « risque » (le VIX) nous assurent que cela n’arrivera pas…
Que valent les démentis des rumeurs de fusion avec Deutsche Bank ?