Le président américain a beau conduire une Formule 1, il n’aurait pas été un bon pilote de course. Il freine et accélère trop brusquement et a tendance à prendre les virages trop vite.
Obnubilé par l’idée de franchir seul la ligne d’arrivée du Grand prix commercial qu’il a créé de toutes pièces il y a quelques semaines, Donald Trump avait annoncé la couleur en amont du sommet du G7, organisé au Canada et qui restera dans les annales pour avoir définitivement consacré un schisme américano-européen impensable du temps de son prédécesseur. La rencontre a certes accouché d’un communiqué commun, mais personne n’était dupe tant sa vacuité était facilement lisible entre les lignes.
Acier et aluminium au cœur de la désentente
Ledit communiqué a ensuite été balayé par une nouvelle rafale de tweets enflammés. On imagine sans peine le monarque républicain américain tempêter, sourcils froncés et dents serrées, s’emparer furibard de son smartphone dans Air Force One et taper frénétiquement sur son terminal. L’objet de son courroux a une nouvelle fois été Justin Trudeau, hôte du sommet, « coupable » d’avoir jugé « insultantes » les nouveaux droits de douane américains sur l’acier et l’aluminium au regard de l’histoire qui lie les deux pays.
Il n’en fallait pas davantage pour que l’impulsif locataire de la Maison-Blanche, qui a qualifié le Premier ministre canadien de « malhonnête et faible », et a fustigé les « taxes massives » imposées par Ottawa sur les agriculteurs, les travailleurs et les entreprises américains, n’ordonne le retrait de la signature américaine du communiqué précité. Ce revirement était-il prémédité ? La volonté originelle et profonde de Donald Trump n’était-elle pas de marquer ostensiblement sa différence avec ses partenaires et de ne pas relâcher la pression ?
Après Justin Trudeau et Emmanuel Macron… Kim Jong-un ?
Il aura quoi qu’il en soit suffi de quelques tweets – une fois de plus – pour saper des discussions déjà complexes, éreinter les amis d’autrefois, sonner la fin de l’éphémère lune de miel avec Emmanuel Macron (lequel a été éconduit par son homologue américain à la fois sur le climat, sur l’Iran et sur le commerce), et enfoncer encore un peu plus le monde dans l’incertitude et l’instabilité.
Dernier arrivé et premier parti, le président américain, qui n’en a probablement cure, a encore donné du grain à moudre à ceux qui doutent de sa santé mentale. Il s’apprête maintenant à rencontrer Kim Jong-un, qui pourrait être son fils et est surtout l’un des très rares dirigeants de la planète sinon le seul à être aussi insaisissable que lui. Cette rencontre organisée à Singapour pourrait bien surprendre étant donné les tempéraments explosifs des deux hommes. La guerre commerciale entre les Etats-Unis et l’Europe, elle, semble désormais inéluctable. Une guerre sans mort, mais une guerre à mort.
Quant à ses répercussions sur l’économie mondiale, elles sont encore impossibles à évaluer, ne serait-ce que parce que ce Vieux Continent aux deux joues rosies est plus déterminé que jamais à riposter. Quand bien même il est évident qu’à la différence de la Chine, il ne pourra rivaliser avec le mastodonte américain…
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