Rarement rencontre entre pays supposés être amis de très longue date n’aura été aussi attendue et redoutée. La faute à l’« europhage » et iranophobe Donald Trump, encore et toujours lui. Après avoir publiquement admonesté Kim Jong-un, qui selon son avocat l’aurait supplié « à genoux » d’organiser le sommet du 12 juin prochain, sommet dont je rappelle qu’il fut un temps reporté sine die, après avoir une nouvelle fois affiché sa détermination pour la construction d’un « super mur » à la frontière américaine dans des termes fidèles à son style tout en nuances, l’inimitable président américain n’a en effet eu de cesse ces derniers jours de pilonner le Vieux Continent à coups de tweets lapidaires.
Il est en effet bien décidé à mener une guerre commerciale contre cette Europe qu’il regarde de haut, contre la Chine – face à laquelle il aura tout de même fort à faire – et même contre le voisin canadien. Après l’acier et l’aluminium, Donald Trump a fait monter la tension de plusieurs crans en s’en prenant aux constructeurs automobiles européens (et peu importe que les Volkswagen vendues aux Etats-Unis soient très majoritairement produites sur le territoire américain). Dans le même temps, le rétablissement des sanctions contre l’Iran et l’extraterritorialité des lois américaines a en quelque sorte « obligé » les dirigeants européens à réclamer des exemptions à Washington.
De nouvelles philippiques présidentielles sur Twitter
On imagine mal le « boss » se laisser attendrir par les supplications d’Angela Merkel, Emmanuel Macron et consorts, assimilés dans son esprit à une piétaille. D’autant qu’il vient de se fendre d’une nouvelle salve d’attaques sur son site de microblogging favori contre le président français, mais aussi le Premier ministre canadien Justin Trudeau, lesquels ont eu l’outrecuidance hier de « charger » sa stratégie commerciale, fondée sur des arguments qu’ils ont qualifiés de « risibles ».
« Merci de (leur) dire qu’ils imposent aux Etats-Unis des taxes massives », s’est offusqué Donald Trump dans un premier tweet. Dans un autre, il a appelé l’UE et le Canada (pays hôte de ce G7) à lever leurs taxes et barrières, sans quoi l’Oncle Sam fera « mieux (qu’eux) ». Comme il est peu probable que le Vieux Continent et Ottawa cèdent à la menace, il n’est pas incongru de se dire que le successeur de Barack Obama songe sérieusement à une vaste offensive sur tout ce qui fait aujourd’hui la force exportatrice de ses nouvelles cibles fétiches. Tremblez, voisin et autres Etats de cette Europe impuissante, incolore, inodore et sans saveur !
Diviser pour mieux régner ?
Dans cette situation, Angela Merkel, Emmanuel Macron – encore eux –, mais aussi Theresa May et Giuseppe Conte, qui se souviendra sans doute de son baptême du feu, ont décidé de se réunir juste avant le début du sommet, l’objectif étant de consolider leur alliance et de parler d’une seule voix face au pitbull de la Maison-Blanche.
Pour autant, des rencontres bilatérales sont déjà prévues entre Donald Trump, Emmanuel Macron et Justin Trudeau. Adepte des changements de cap, le chef de l’exécutif américain pourrait être tenté de les amadouer, pour mieux les endormir, ou plus plausiblement de tenir à chacun de ses interlocuteurs un discours différent avec l’ambition de diviser pour mieux régner. De fissurer l’unité déjà fragile de l’UE pour tenter de rafler la mise commerciale (en attendant une éventuelle fin de non-recevoir de l’OMC à ses velléités).
Il sera le premier à quitter le Canada, devant rallier Singapour et s’y s’entretenir avec Kim Jong-un pour un sommet historique. Dans quelles dispositions sera Donald Trump ? Son humeur pourrait quoi qu’il en soit dépendre de l’issue des discussions avec Justin Trudeau et ses homologues européens…
Les Etats-Unis ont bien mérité des mesures de rétorsion douanières, mais que leur taxer ?