Quelle semaine ! De l’accord commercial signé mercredi entre Donald Trump et Jean-Claude Juncker (accord auquel je ne croyais guère au regard de la rhétorique enflammée qu’employait le président américain à l’endroit de Bruxelles) au krach de Facebook (US30303M1027-FB), qui a perdu quelque 100 Mds$ de capitalisation boursière sur fond de publication en dessous des attentes, en passant par le décès du sauveur de Fiat – devenue sous son impulsion Fiat Chrysler Automobile (NL0010877643-FCA) – Sergio Marchionne, les publications « canon » de Peugeot (FR0000121501-UG), d’Edenred (FR0010908533-EDEN), de LVMH (FR0000121014-LVMH) et les déboires d’Eramet (FR0000131757-ERA), d’Ipsos (FR0000073298-IPS) ou encore de STMicroelectronics (NL0000226223-STM), les investisseurs ont eu de la matière !
Vers 11h30, le CAC40, bombardé de résultats, flirte à nouveau avec les 5 500 points et engrange 1,6% sur la semaine. Une belle performance due en grande partie à la détente entre Washington et Bruxelles, alors que nombre de commentateurs, d’analystes et d’opérateurs pensaient les Etats-Unis et le Vieux Continent embarqués dans une guerre froide commerciale dont les répercussions auraient pu être considérables.
L’indice phare reste dans le vert ce vendredi grâce notamment aux solides performances de Saint-Gobain et surtout de Carrefour (FR0000120172-CA), dont l’action s’envole d’un peu plus de 10%. Mon confrère Gilles Leclerc évoquait le cas du distributeur en milieu de semaine et rappelait ses déboires boursiers, bien atténués ce matin donc puisque le bon comportement du titre ce vendredi ramène son repli depuis le 1er janvier à grosso modo 12,2%.
▶ Carrefour est parvenu à stabiliser sa marge opérationnelle
Pour ma part, je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement avec Casino (FR0000125585-CO), une nouvelle fois étrillé hier (-8,86% à la clôture) malgré des comptes semestriels solides, la faute à des doutes persistants quant à la capacité du propriétaire des magasins Monoprix à se conformer à ses objectifs en matière de réduction de la dette.
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A contrario, Carrefour est donc à la noce grâce à des résultats supérieurs aux attentes. Le groupe est notamment parvenu à stabiliser sa marge opérationnelle à fin juin, à la faveur de réductions de coûts et de bonnes performances au Brésil qui ont permis de compenser le recul marqué des résultats sur le marché domestique.
Son bénéfice opérationnel courant est même ressorti en augmentation de 5,8% à devises constantes à 597 M€, nettement au-dessus des 523 M€ que le consensus anticipait, tandis que la dette a été réduite de 1,5 Md€ comparativement à son niveau du 30 juin 2017 à 6,25 Mds€ et que le free cash-flow a affiché une progression de 418 M€ (retraité des éléments exceptionnels). Carrefour a en la circonstance invoqué « une solide maîtrise des investissements et des stocks ».
Le distributeur, qui a en outre enregistré une accélération de ses ventes à données comparables en séquentiel au deuxième trimestre (+0,9%, après +0,4%), a aussi fait état de « premières avancées significatives » dans le cadre de l’exécution de son plan de transformation Carrefour 2022, dévoilé en début d’année et qui suscite de très fortes attentes, avec en particulier la signature de partenariats stratégiques avec Système U, Tesco, Google et le groupe chinois Tencent et la sortie effective des 273 magasins anciennement Dia du réseau.
Le PDG Alexandre Bompard a au surplus confirmé les objectifs à horizons 2020 (plan d’économie de 2 Mds€ en année pleine, cession de 500 M€ d’actifs immobiliers non-stratégiques) et 2022 (5 Mds€ de revenus issus des produits bio et 5 Mds€ de chiffre d’affaires provenant de l’e-commerce alimentaire). A plus court terme, d’ici la fin de l’année, Carrefour aspire entre autres à poursuivre la dynamique en vigueur en matière de baisse des coûts et à accélérer la refonte de la proposition commerciale en magasins.
D’une façon générale, les investisseurs semblent croire en l’important virage pris par le successeur de Georges Plassat, dirigeant estimé et qui a pu faire l’étalage de tout son talent aux commandes de Fnac Darty. Ils ne lui tiennent en tout cas pas rigueur de la faiblesse devenue chronique des performances dans l’Hexagone. Reste maintenant à savoir si le titre, qui se paie sur un PER de 16, est définitivement sorti du bois…
Bon week-end à tous !
Guillaume